Claude Lemesle
Copyright 1974, Editions Gérard Tournier
Y’a du mousseux bien chaud et des petits gâteaux,
Que servent en souriant les secrétaires.
Le chef du personnel, pensif et paternel,
Fait un discours à sa manière.
Monsieur Duchêne, ému, avait tant attendu,
Le jour lointain de sa retraite.
Voilà, c’est aujourd’hui, et il se sent vieilli,
Banni de cette pauvre fête.
Fête.
Et même si l’on a pas fait de grands éclats,
Vécu l’inoubliable, l’aventure.
Si notre Eldorado n’était que ce bureau,
C’est dur de se ranger des écritures.
La fête terminée, il va retravailler,
Jusqu’à ce soir, il a cent choses à faire.
Les jeunes, enfin beaucoup, n’ont plus le même goût,
Du bon travail, c’est leur affaire.
Il se revoit jeune homme, débarquant de la Somme,
Pour se lancer dans la carrière.
Sa femme, ses enfants, et puis l’avancement,
Les fins de mois, le nécessaire,
Aire.
Et même si l’on a pas fait de grands éclats,
Vécu l’inoubliable, l’aventure.
Si notre Eldorado n’était que ce bureau,
C’est dur de se ranger des écritures.
Il va pouvoir demain cultiver son jardin,
Et faire un peu de marche, un peu de pêche.
Vacances prolongées et vive la liberté,
C’est bon à prendre mais n’empêche,
C’est bête mais c’est dur de se ranger des écritures.